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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/211

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Pietro CAVALLINI
Peintre romain, né en…, mort en 1364 ( ?)

Depuis des siècles, Rome était privée de la gloire que donnent les lettres, les armes, les sciences et les beaux-arts, lorsque, par la volonté de Dieu, naquit dans ses murs Pietro Cavallini [1], à la même époque où Giotto, après avoir rénové la peinture, tenait le premier rang entre les peintres d’Italie. Élève de Giotto, avec lequel il travailla à la Navicella de Saint-Pierre, il fut le premier, après lui, à faire briller la mosaïque et il se montra digne d’un tel maître, en peignant dans l’église d’Ara-Coeli [2], au-dessus de la porte de la sacristie, quelques fresques aujourd’hui détruites par le temps, et d’autres qui ne leur sont pas inférieures, à Santa Maria di Transtevere. Dans sa décoration en mosaïque de la grande chapelle et de la façade principale de cette même église [3], travail qu’il entreprit sans l’aide de Giotto, il montra qu’il savait mener à aussi bonne fin la mosaïque que la peinture ; on lui doit aussi les fresques de San Crisogono, de Santa Cecilia, qu’il peignit presque entièrement, et de San Francesco a Ripa. À Saint-Paul hors les murs, il orna la façade de mosaïques [4] et la grande nef d’une foule de sujets tirés de l’Ancien Testament. Dans la salle du chapitre du premier cloître, il exécuta des fresques qui lui acquirent un tel crédit que les prélats lui confièrent le soin de peindre l’intérieur de Saint-Pierre, entre les fenêtres de la façade. Il y représenta à fresque, et d’une grandeur extraordinaire pour l’époque, les quatre évangélistes, saint Pierre et saint Paul, et, dans une nacelle, nombre de figures où l’on trouve, mêlée au bon style de Giotto, l’ancienne manière grecque qu’il affectionnait beaucoup. Et, pour donner à ses figures le plus de relief possible, il n’épargna aucun effort. Ses meilleures œuvres, à Rome, sont les fresques d’Ara-Coeli, où il peignit sur la voûte de la grande tribune la Vierge tenant son fils et entourée de rayons de soleil ; au-dessous, l’on voit l’empereur Auguste auquel la sibylle de Tibur montre l’Enfant Jésus. Il se rendit ensuite en Toscane, pour voir les œuvres de Giotto et de ses autres élèves et, à cette occasion, peignit

  1. Mentionné pour la première fois en 1308 ; il est à Naples au service du roi Robert.
  2. Il ne reste rien de ses œuvres à Rome, tant mosaïques que peintures.
  3. Attribution fort incertaine ; travail commandé en 1290, par Bartolo Stefaneschi qui y est représenté.
  4. Détruites par l'incendie du 15 juillet 1823.