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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/219

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San Francesco, quelques figures commencées par Simone, à l’autel de Santa Lisabetta, qui est à côté de la porte allant aux chapelles, à savoir une Vierge, un saint Louis, roi de France, et d’autres saints, en tout huit figures de la tête aux genoux, belles et bien peintes[1]. Simone avait, en outre, commencé dans le grand réfectoire du couvent, au bout d’une paroi, quelques sujets et un crucifix en forme d’arbre de la croix, qui resta inachevé et simplement dessiné, comme on peut le voir, au pinceau rouge sur l’enduit. Cette manière d’opérer était le carton que nos vieux maîtres faisaient pour travailler à fresque plus rapidement ; en effet, ayant reporté toute leur œuvre sur l’enduit, ils la dessinaient au pinceau, en tirant d’un petit dessin tout ce qu’ils voulaient faire, par agrandissement. C’est ce que l’on voit dans ce lieu et ailleurs, de même que d’autres fresques, ayant été entièrement peintes, sont restées ainsi dessinées sur l’enduit, la peinture s’étant écaillée.

Lippo était assez bon dessinateur et vécut douze ans après Simone, répandant plusieurs œuvres par toute l’Italie : il y a, entre autres de lui, deux tableaux sur bois, à Santa Croce de Florence[2]. La manière des deux frères a une grande similitude, et l’on ne peut distinguer les œuvres de l’un et de l’autre que par la différence suivante. Simone signait : Simonis Memmi Senensis opus[3], et Lippo, laissant de côté son prénom et ne se souciant pas de faire bon ou mauvais latin, signait : Opus Memmi de Senis me fecit.

Dans la fresque du chapitre de Santa Maria Novella, outre les portraits de Pétrarque et de Madonna Laura dont il a été parlé ci-dessus, Simone reproduisit son propre portrait, ceux de Cimabue, de Lapo, architecte, et de son fils Arnolfo ; le pape qui se tient devant l’église est Benoît XI de Trévise, dominicain, dont son maître Giotto lui avait rapporté un portrait, à son retour de la cour d’Avignon. Le cardinal à côté du pape est Niccola da Prato, celui même qui vint à Florence comme légat, ainsi que le raconte Giovanni Villani[4].

Simone n’était pas savant dessinateur, mais il eut beaucoup d’originalité et il se plaisait à faire le portrait d’après nature. Il fut d’ailleurs regardé comme le meilleur portraitiste de son temps, puisque le seigneur Pandolfo Malatesta l’envoya à Avignon tout exprès pour peindre

  1. Cette fresque existe encore à droite du chœur, les peintures du réfectoire n’existent plus. Simone peignit également la vie de saint Martin dans la chapelle Gentili ; ces fresques existent encore.
  2. Peintures perdues.
  3. Il signait : Simon Marlini ou Simon de Senis, tandis que Lippo signait : Lippus Memmi.
  4. Tout cela est très contesté.