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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/222

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Ces travaux terminés, il fut appelé à Pise et, dans l’église de San Francesco, sur la demande de Gherardo et de Buonaccorso Gambacorti, il peignit dans la chapelle principale des fresques d’une belle couleur, tirées de la vie de saint François, de saint André et de san Niccolo [1]. Sur la voûte et sur la grande paroi, on voit le pape Honorius confirmant la règle de saint François ; Taddeo s’est représenté dans cette scène de profil, la tête couverte d’un capuchon, et au-dessous il y a cette inscription : Magister Taddeus Gaddus de Florentia pinxit hanc historiam Sancti Francisci et Sancti Andreae et Sancti Nicolai, anno Domini MCCCXLII de mense augusti. Il fit encore à fresque, dans le cloître de ce couvent, une Vierge tenant son fils [2] qui est très bien peinte, et dans le milieu de l’église, à main gauche en entrant, un saint Louis, évêque, assis, auquel Fra Gherardo da Villamagna, frère de l’ordre, recommande un certain Fra Bartolommeo, gardien de ce couvent [3].

De retour à Florence, il continua pour la commune la construction d’Or San Michele [4]. Sans altérer le dessin laissé par Arnolfo, il refit en pierres à coquilles bien appareillées les pilastres de la loggia qui étaient auparavant en briques, en prévoyant au-dessus un magasin à deux voûtes, pour conserver les provisions de grain que faisaient le peuple et la commune de Florence. Pour assurer l’achèvement de l’édifice, l’Art de la Porte Santa Maria[5], qui en avait la charge, décida qu’on lui payerait la gabelle de la place et du marché au grain, ainsi que plusieurs autres taxes de peu d’importance. Mais, ce qui fut plus utile, on ordonna, par suite d’une excellente résolution, que chacun des arts de Florence aurait à élever à ses frais un pilastre orné d’une niche, dans laquelle serait placée la statue de son patron[6]. Tous les ans, le jour de la fête du saint les consuls de chaque art devaient s’y tenir avec leur bannière toute la journée et ouvrir une quête au profit des pauvres nécessiteux. L’an 1333[7], comme une grande inondation avait enlevé le tablier du Ponte Ruba-

  1. Les peintures de la voûte subsistent seules et représentent les quatre fondateurs des grands ordres religieux.
  2. On suppose que la tête de Vierge conservée dans la chapelle Ammanati du Campo Santo, à Pise, est un fragment de cette fresque.
  3. Peinture détruite.
  4. Attribution douteuse.
  5. Les consuls de l’Arte della Seta adressent une pétition dans ce sens aux Prieur et au Gonfalonier de Florence, le 12 avril 1339.
  6. D’après le décret de la Seigneurie, en date du 20 avril 1406, chacune des corporations, représentées à Or San Michele, était tenue, dans un délai de dix ans, d’enrichir une des niches extérieures de « une statue grande et honorable » de son patron, faute de quoi elle serait déchue de ses droits.
  7. Voir Villani, liv. XI, chap. I.