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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/235

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des rayons lumineux sur le peuple chrétien ; autour de lui sont agenouillés une foule de docteurs, de clercs, d’évêques, de cardinaux et de papes, parmi lesquels on remarque Urbain VI. À ses pieds se tiennent Sabellius, Arius, Averrhoès et d’autres hérétiques ou philosophes, avec leurs livres déchirés en lambeaux. Saint Thomas est entre Platon et Aristote qui montrent le Timée et l’Éthique. Au-dessus, Jésus-Christ entouré des quatre évangélistes bénit saint Thomas, auquel il paraît envoyer la grâce du Saint-Esprit. Cette œuvre, quand elle fut terminée, valut de grands éloges à Francesco Traini qui, d’ailleurs, surpassa de beaucoup son maître dans le coloris, l’harmonie et l’invention [1].




TOMMASO dit GIOTTINO
Peintre florentin, né en 1324 (?), mort en 1356 (?)


Tommaso di Stefano, surnommé Giottino[2], né l’an 1324, après avoir appris de son père les premiers principes de la peinture, se décida, étant encore très jeune, à vouloir imiter, autant qu’il le pourrait, par une étude assidue, la manière de Giotto, plutôt que celle de Stefano, son père. Il y réussit si bien que, outre une manière infiniment plus belle que son maître, il en retira le surnom de Giottino, qu’il ne perdit jamais. D’où il arriva que quelques personnes, trompées par la similitude de peinture et par ce surnom, le crurent fils de Giotto, ce qui était une grave erreur. Il est certain, ou, pour mieux dire, probable, car on ne peut jamais répondre de semblables choses, qu’il eut pour père Stefano, peintre florentin.

Giottino fut donc peintre si habile et si amoureux de son art, que les œuvres qu’on a retrouvées de lui, bien qu’en petit nombre, sont belles et procèdent d’une bonne manière. Les costumes, les cheveux, les barbes et les moindres détails de ses compositions se distinguent

  1. L’attribution des fresques du Campo Santo à Andrea Orcagna et à son frère est aujourd’hui universellement rejetée. Crowe et Cavalcaselle y voient une œuvre siennoise et l’attribuent aux frères Lorenzetti. En ce qui concerne l’Enfer, un manuscrit de la bibliothèque Magliabecchiana est plus précis. On y lit, en parlant de Bernardo Daddi, l’auteur présumé de la Vierge d’Or San Michele : il peignit… e in Campa Santo lo Inferno. En 1379, cette fresque fut restaurée par Cecco di Piero, artiste pisan, et en 1530 par Giuliano di Giovanni di Castellano da Montelupo, dit le Sollazino, peintre florentin, mort en 1543.
  2. Inscrit à la Compagnie des peintres : Giotto di Maestro Stefano, dipintore 1368. Voir une note à la fin de la Vie.