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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/417

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attitudes sont tellement remplis de douleur qu’il est impossible de les regarder, sans en ressentir une profonde émotion.

De l’autre côté de la chapelle, Filippo plaça la Nativité, la Prédication dans le désert, le Baptême dans le Jourdain, le Festin d’Hérode et la Décollation de saint Jean-Baptiste. Dans la face du prédicateur se reconnaît l’esprit divin, et dans la foule de ceux qui l’écoutent on distingue les mouvements divers, l’allégresse et la joie, tant chez les femmes que chez les hommes, attirés et suspendus aux lèvres de saint Jean. Le Baptême reflète la beauté et la bonté ; dans le Festin d’Hérode, on remarque la majesté de la fête, l’agilité d’Hérodiade, la stupeur et la tristesse des convives, en voyant la tête coupée présentée dans un bassin. On voit autour du festin quantité de figures dans de belles attitudes, remarquablement drapées, parmi lesquelles il se représenta lui-même, à l’aide d’un miroir, vêtu de noir sous les habits d’un prélat, ainsi que son élève Fra Diamante est peint dans la scène des funérailles de saint Étienne. Il représenta également dans cette œuvre Messer Carlo, fils naturel de Cosme, et prévôt de l’église paroissiale[1], laquelle lui est redevable, ainsi qu’à sa famille, de nombreux bienfaits.

Cette œuvre terminée l’an 1463, il peignit en détrempe, pour l’église San Jacopo de Pistoia, une Annonciation fort belle[2], que lui demanda Messer Jacopo Bellucci, et où celui-ci est représenté au naturel. Dans la maison de Polidoro Bracciolini, on voit de sa main un tableau représentant la Nativité de la Vierge[3]; une Vierge tenant l’Enfant Jésus[4], en détrempe et dans un cadre demi-circulaire, est dans le Tribunal des Huit, à Florence. Citons encore, dans la maison de Lodovico Capponi, une Vierge très belle[5], et chez Bernardo Vecchietti, gentilhomme florentin du plus haut mérite, un saint Augustin qui étudie, dans un petit cadre, très beau[6]. Une plus belle peinture encore est le saint Jérôme pénitent[7], de la même grandeur que l’on voit dans la garde-robe du duc Cosme. S’il est vrai que Fra Filippo déploya une rare habileté dans toutes ses œuvres, il se surpassa dans celles de petites proportions, entre autres dans les

  1. Qui remplaça Inghirami.
  2. Peinture perdue.
  3. Au Musée de Berlin.
  4. Peinture perdue.
  5. Ibid.
  6. Aux Offices.
  7. Peinture perdue.