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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/488

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Deux-cents, opéra de la manière suivante : sur une poutre épaisse d’une brasse et aussi longue que la largeur de la salle, il en attacha une autre, en deux morceaux, de manière qu’il l’élevait ainsi de deux tiers de brasse. Chacune des deux extrémités, parfaitement liées et assemblées, présentait, à côté du mur, deux brasses d’élévation et servait de support à un arc en briques doubles, dont les flancs étaient appuyés contre les murs principaux. Les deux poutres étaient emboîtées et enchaînées avec de solides crampons enfer, de manière à n’en former qu’une seule. En outre, afin d’alléger la charge des poutres du plafond, Benedetto arma l’arc de deux grands étriers de fer, solidement cloués sur les poutres qui les raidissaient et les rendaient capables de soutenir un poids bien plus considérable encore que celui du mur en briques qui n’avait qu’une demi-brasse d’épaisseur. De cette manière, il conserva à la Salle des Deux-Cents toute sa hauteur et parvint à établir au-dessus, dans le même espace, au moyen d’un mur de séparation, la salle connue aujourd’hui sous le nom dell’Orinolo et la salle d’audience, où le Salviati a peint le triomphe de Camille. Et comme la porte de marbre fut faite double, sur l’arc de celle intérieure, il fit une statue assise de la Justice, en marbre[1], tenant le globe du monde d’une main, et de l’autre une épée, avec l’inscription suivante, sur l’arc : Diligite justiniam, qui judicatis terram. Toute cette œuvre fut conduite avec un soin et un art merveilleux.

À la Madonna delle Grazie[2], à peu de distance d’Arezzo, ayant à construire un portique et un escalier, en avant de la porte, il jeta des arcs sur les colonnes ; près du toit il établit une architrave, une frise et une corniche, et, pour larmier, il sculpta, en pierre de macigno, une guirlande de rosaces formant une saillie d’une brasse et un tiers ; en sorte que, entre la saillie du fronton et la ligne de dentelures et d’oves, placée sous le larmier, on compte deux brasses et demie ; en y ajoutant la demi-brasse des tuiles, on a trois brasses environ pour le toit. Dans ce travail, le procédé de Benedetto est digne d’attirer l’attention des artistes. Voulant que le toit avançât en dehors, sans être supporté par des modillons ou par des consoles, il fit ces pierres plates où sont sculptées les rosaces, faisant saillie de leur demi-longueur et l’autre moitié murée solidement. De cette manière, étant contrebutées, elles peuvent supporter, de la partie libre, tout ce qu’on y a superposé jusqu’à nos jours, sans danger pour la construction. Et pour que l’on ne s’aperçut

  1. Qui n’existe plus.
  2. Cette église existe encore, avec quelques marches en moins dans le perron.