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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/308

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Michele SANMICHELE
Architecte véronais, né en 1484, mort en 1559

Michele Sanmichele, étant né l’an 1484 à Vérone, et ayant appris les premiers principes de l’architecture auprès de Giovanni son père, et de Bartolomeo, son oncle, tous deux architectes excellents, se rendit à Rome à l’âge de seize ans, laissant son père et ses deux frères, tous deux bien doués. L’un d’eux, Jacomo, s’appliqua aux lettres ; l’autre, don Camillo, fut chanoine régulier. Il y étudia et mesura les édifices antiques avec tant d’application qu’il ne tarda pas à être réputé, tant à Rome que dans les pays voisins. Aussi les habitants d’Orvieto le nommèrent-ils architecte de leur cathédrale si célèbre[1], avec un honorable traitement. Pendant qu’il y travaillait il fut mandé à Montefiascone, et chargé de la construction de sa principale église, en sorte que tout ce qu’il y a de bonne architecture dans cette dernière ville et à Orvieto lui est dû. Entre autres choses, à San Domenico d’Orvieto, on éleva, sur ses dessins, un très beau tombeau[2], je crois, pour un noble Siennois de la famille Petrucci, qui coûta fort cher et fut merveilleusement réussi. Il fit encore dans les mêmes villes un nombre infini de dessins, pour des maisons particulières ; il se fit ainsi connaître du pape Clément VII qui, désirant se servir de lui pendant les guerres qui troublaient toute l’Italie, le donna comme compagnon, avec une grosse provision, à Antonio da San Gallo, pour visiter de concert les villes les plus importantes de l’État ecclésiastique, et voir celles qui seraient à fortifier, particulièrement Parme et Plaisance, ces deux villes étant plus éloignées de Rome et plus exposées aux dangers de la guerre. Michele et Antonio s’étant acquittés de cette mission à l’entière satisfaction du pape. Michele éprouva le désir, après tant d’années, de revoir sa patrie, ses parents et ses amis, mais encore plus d’examiner les fortifications des Vénitiens. S’étant arrêté quelques jours à Vérone, il alla ensuite à Trévise, pour voir cette forteresse, et à Padoue dans le même but. Mais le gouvernement vénitien, averti de cela, craignit qu’il allât examiner ces forteresses dans l’intention de lui nuire. Il fut donc arrêté par son ordre à Padoue, mis en prison et longuement interrogé ; comme son innocence fut reconnue, non seulement on le mit en liberté, mais encore on lui demanda s’il voulait, avec une honorable provision et de

  1. Le 27 novembre 1509, avec 100 florins par an ; il quitta ses fonctions en 1528.
  2. Non pas un tombeau, mais l’église inférieure, commandée par Messer Girolamo Petrucci, le 20 octobre 1518.