Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/307

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cenzio, dans la maison d’Alexandre, fils d’Ottaviano de’Medici. Dans ce concours, Benvenuto fut vaincu par l’Ammanati, que Giorgio Vasari servit chaudement auprès de Son Excellence ; Giovan Bologna n’étant pas assez connu pour les ouvrages en marbre, le duc n’alla pas même voir son modèle, quoique, selon les artistes et les connaisseurs, ce fût le meilleur de tous. Si Baccio eût vécu, à lui sans doute aurait appartenu la gloire de cette entreprise, et tant de débats n’auraient point eu lieu[1].

Pour revenir à Baccio, ayant appris que Michel-Ange était en train de terminer un groupe du Christ mort et de quatre autres figures[2], pour son tombeau, dans l’église de Santa Maria Maggiore, il mit tous ses soins à achever celui que son fils Clemente lui avait laissé[3], avant de partir pour Rome où il mourut. Pour imiter Michel-Ange en toute chose, Baccio chercha ensuite, dans les principales églises de Florence, un endroit où il pût placer et établir sa sépulture. Mais n’en trouvant aucun qui le satisfît, il se décida pour une chapelle de l’église des Servi qui appartenait à la famille Pazzi. Les possesseurs de la chapelle, priés par la duchesse, accordèrent ce lieu à Baccio, sans se démettre de leurs droits et de leurs armoiries : ils lui permirent seulement d’édifier un autel en marbre, de le surmonter des statues susdites et de pratiquer son tombeau, au pied de l’autel. Baccio se mit aussi d’accord avec les moines du couvent pour les autres détails. Il fit donc édifier l’autel et le soubassement de marbre, sur lequel il voulait placer ses statues. Quand il fut terminé, il résolut d’y mettre son tombeau de famille, en y réservant une place pour lui, pour sa femme et pour les restes de son père Michelagnolo, qui avait été déposé dans un caveau provisoire de cette église. Il voulut lui-même déposer pieusement ces os à leur place définitive. L’émotion qu’il éprouva en les touchant, et la fatigue de remuer ces marbres l’agitèrent au point que, ne se trouvant pas bien, et étant retourné chez lui, il vit son état empirer de jour en jour, et mourut au bout d’une semaine, à l’âge de soixante-douze ans, après avoir été constamment robuste et n’avoir eu aucune maladie. Il fut enseveli honorablement[4], et déposé à côté de son père.


 

  1. La fontaine fut faite par Jean Bologne, et le Neptune par Ammanati ; existent encore, sur la place de la Seigneurie.
  2. Actuellement derrière le maître-autel du Dôme de Florence.
  3. Et qui est dans l’église de l’Annunziata, transept droit, où se trouve le tombeau de Bandinelli.
  4. Le 7 février 1560.