Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/249

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PAGANEL.

Ah bah ! Vous êtes une…

ELMINA.

Oui, monsieur, née en Écosse, et je voudrais bien retourner dans mon pays !

PAGANEL.

Comment se fait-il alors que vous vous trouvez au Chili… et sous cet habit ?

ELMINA.

Je vais vous le dire ! J’ai eu le malheur de noyer mon mari !

PAGANEL.

Vous avez ?… Asseyez-vous donc !

ELMINA.

J’ai noyé mon mari, oui, monsieur !

PAGANEL.

Mais, malheureuse, expliquez-moi…

ELMINA, avec douceur.

Voilà ! Vous saurez d’abord que je suis jalouse…

PAGANEL.

Jalouse !

ELMINA, plus doucement encore.

Oh ! mais jalouse… à poignarder la personne !

PAGANEL.

Ah !

ELMINA, même douceur.

Et la personne, c’était mon mari… un grand… très joli… mon Bob !… Je l’appelais Bobinet ! Il était charmant, et je l’aimais, et je l’adorais !… C’est ce qui fait que je l’ai noyé !

PAGANEL.

Noyé ! par amour ?… Je ne comprends pas bien !

ELMINA.

Vous allez comprendre. Un jour, nous faisions ensemble une promenade en canot, et comme, le matin même, mon bon joli petit mari avait fait des coquetteries aux femmes qui passaient, je lui en adressais des reproches.

PAGANEL.

Naturellement !…