Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/82

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FOGG.

Oui, monsieur le juge ; mais ce qu’il n’ajoute pas, c’est que ses prêtres et lui voulaient brûler vive une jeune femme.

FIX.

Que Brahma avait condamnée.

LE MAGISTRAT, se tournant vers Aouda.

Madame, sans doute ?

AOUDA.

Oui, monsieur, et vous ne sauriez punir celui qui m’a sauvée.

LE MAGISTRAT.

Distinguons, madame, distinguons. J’estime que ce gentleman a parfaitement fait de vous sauver…

PASSEPARTOUT, à part.

Il me plaît à moi, ce juge !

LE MAGISTRAT.

Mais il a eu tort de tuer un brahmane.

PASSEPARTOUT.

Comment, tort ?…

ARCHIBALD.

Oh ! un brahmane de plus ou de moins !…

FOGG.

Ce brahmane ordonnait un crime, un épouvantable sacrifice que les autorités anglaises ne peuvent tolérer.

LE MAGISTRAT.

Distinguons, monsieur, distinguons.

PASSEPARTOUT, à part.

Encore !…

LE MAGISTRAT.

Les autorités anglaises ont supprimé ces sacrifices dans les provinces soumises à leur domination ; mais, sur les territoires indépendants, ils respectent la religion indoue, même jusque dans ses erreurs, et ils ne peuvent tolérer que l’un de ses pontifes soit frappé de mort dans l’exercice de ses fonctions.

ARCHIBALD, s’emportant.

Ah çà ! mais c’est une indignité ! Je n’aime pas M. Fogg, moi ! je suis même son ennemi ; mais, dans l’intérêt de la justice et non dans le sien, je déclare que, pour avoir sauvé madame, pour avoir sacrifié sa fortune et sa vie, il ne peut pas être condamné !