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les bastonnais

un homme appuyé contre la maison, à quelques pieds d’elle. Elle lui commanda aussitôt à haute voix de s’avancer, ce qu’il fit. À la faible lumière du corridor elle vit devant elle un être étrange et inconnu, vêtu d’un capot de chat sauvage et couvert d’un grand bonnet de peau de renard. Il était courbé et sa figure était celle d’un vieillard, mais ses yeux brillaient comme des étoiles. L’homme était en raquettes et portait à la main un long bâton.

À sa vue, Pauline se blottit derrière Zulma, en murmurant :

— C’est Batoche !

— Oui, enfant, c’est moi, dit le vieillard, et je viens vous chercher.

— La chercher ? demanda Zulma d’un ton d’autorité.

— Oui ; à la de­mande de son père.

— Entrez, et expli­quez-vous.

— Non ; c’est inutile. D’ailleurs, la nuit est trop avancée. Il faut que nous retournions à la ville immédiatement.

Quelques paroles échangées à la hâte révélèrent la mission de Batoche. Les Bastonnais avaient repris leur marche en avant. Québec allait être investi dans quelques heures. De gros renforts de troupes allaient permettre aux Américains de rendre le