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les bastonnais

« Un pavillon parlementaire ! » s’écria la foule amassée sur les remparts et l’objet de la conférence demandée redoubla l’intensité de la curiosité générale. On peut bien assurer que personne, dans la ville, ne soupçonnait qu’il pût être question d’une demande de capitulation, rien ne pouvant paraître plus ridicule dans les circonstances présentes.

L’officier accompagné du clairon s’avança rapidement sur le terrain vague qui s’étendait de la ligne de bataille des assiégeants, aux murailles de Québec. À intervalles réguliers, suivant les règles du service, le soldat sonnait le clairon, mais aucune réponse ne
venait du côté de la ville. Finalement, les deux émissaires s’arrêtèrent et restèrent immobiles en pleine vue des deux camps.

Quel beau garçon ! dit Zulma à Pauline.

Les jeunes filles étaient à une excellente place pour voir tout ce qui se passait, et cela les intéressait tellement que la timide Pauline elle-même oubliait l’inquiétude que lui causait l’absence prolongée de son père.

— Voulez-vous parler du clairon ?


— Oh ! le soldat est assez bien de sa personne ; mais je parle de l’officier qui porte le pavillon.

Les deux amies discutaient cette intéressante question quand leur attention fut attirée par un mouvement qui se produisit à la porte, presque en dessous d’elles. Un officier anglais sortit seul et se dirigea vers le porteur du pavillon.

— Pas possible ! s’écria Pauline.

— Oui, c’est lui-même, répondit Zulma en riant.

— Roderick !

— Oui, et l’on ne pouvait faire un meilleur choix. Un beau royaliste contre un beau rebelle. Mais il y a une disparité d’âge.

— À peine.

— Je vous demande pardon. Notre grand et beau rebelle a tout au plus vingt et un ans, j’en suis sûre, tandis que votre lieutenant, Pauline, est d’un âge plus mûr.