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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

logiens les plus orthodoxes au sujet des vérités de la foi. Ils n’ont pas imaginé qu’entre leurs expériences mystiques les plus intimes et le christianisme le plus correct, il pût y avoir la plus légère divergence. Chrétiens avant tout, ils étaient décidés à rester en communion de sentiments avec l’Église. Un Eckart pouvait ainsi, en toute sincérité, se soumettre au jugement de l’Église et rétracter par avance toute erreur qu’on aurait pu trouver, dans ses écrits et dans ses paroles, concernant la foi et les mœurs. Il était convaincu, d’ailleurs, que, comme penseur, il n’avait fait qu’exprimer en langage philosophique le contenu exact de sa foi religieuse, de la foi chrétienne.

Ces mêmes dispositions fondamentales nous pouvons les observer chez Novalis. Chez lui aussi nous trouvons un mysticisme spéculatif qui a ses bases à la fois dans la piété et dans la science, dans le cœur et dans la raison ; et il est pénétré lui aussi de la conviction absolue qu’il y a une harmonie complète entre ses idées spéculatives et la foi religieuse traditionnelle. La foi profonde dans l’unité dernière de Dieu et du moi, dans un principe spirituel unique comme origine de toute chose ; le sentiment intime qu’en descendant au fond de son moi l’homme découvre un élément divin, qu’il y a communion et pénétration réciproque de l’homme, de Dieu et de la nature ; l’espoir confiant que l’évolu-