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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

tion immense qui va de Dieu à la création et de la création à Dieu, a pour loi suprême l’amour, — tout cela nous le rencontrons chez les grands mystiques allemands du XIVe siècle comme aussi chez notre mystique romantique et chez nombre de ses contemporains. Qu’on ouvre, après la lecture des sermons d’Eckart, l’Enseignement de la Vie bienheureuse de Fichte ou le Bruno de Schelling, et l’on percevra aussitôt la parenté profonde qui unit l’ancienne mystique et l’idéalisme moderne. Entre l’Être Divin tel que le définit Eckart, et le Moi de Fichte, l’Absolu de Schelling, l’Esprit de Hegel ou même la Volonté de Schopenhauer, on distinguera, sans peine, de curieuses analogies.

Novalis d’ailleurs avait très nettement conscience du lien spirituel qui l’unissait au passé mystique. Dès qu’il est initié en 1798 à la pensée de Plotin, il perçoit aussitôt les affinités profondes qui le lient au grand philosophe néo-platonicien. Il est presque « effrayé de sa ressemblance avec Fichte et Kant ». Il trouve chez lui le génial pressentiment de cette « physique supérieure » que rêvent les romantiques ; « il est entré dans le sanctuaire avec la piété voulue et après lui nul n’y a sans doute pénétré plus avant ». Et de même l’année suivante en 1799, Novalis s’enthousiasme pour le dernier des grands mystiques de l’ancienne Allemagne, Jacob Bœhme, dont Tieck lui avait recommandé la lecture. Il le