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— VIII —

caresser les défauts ou d’en atténuer les vices. "Le talent comme l’activité est donné à l’homme pour le bien de ses semblables ; il n’est pas plus permis d’abuser de l’esprit pour corrompre, que du pouvoir pour opprimer."

Mais la jeunesse n’implique pas nécessairement la capacité. Un travail sérieux, opiniâtre, improbus labor, est utile aussi à quiconque aspire à administrer un jour la chose publique. En vain alignerez-vous, en faveur du progrès, et de la liberté, des phrases sonores que vous aurez retenues de lectures plus ou moins bien digérées, vous n’êtes pour cela ni des hommes d’État, ni des hommes pratiques ; vous êtes simplement les émules d’élèves de rhétorique. Consentez donc à humilier un peu votre orgueil en apprenant ce que vous ignorez. Vous n’êtes pas tous des prodiges, et la nature est avare des Bonaparte, des W. Pitt, des Victor Hugo. Souvenez-vous de ces paroles de M. Guizot : "La liberté n’est pas un bien qu’on acquierre ou qu’on défende en se jouant ; et si l’homme y arrive après n’avoir porté dans ses premiers travaux que des dispositions molles ou impatientes, elle refuse de lui livrer l'hon-D neur et les avantages qu’il s’en était promis... Nous savons qu’elle ne souffre ni la langueur des âmes, ni la légèreté des esprits, et que les générations laborieusement studieuses dans la jeunesse deviennent seules des générations d’hommes libres."