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— VII —

de sa vitalité, et que chez elle les nobles aspirations étaient tout aussi vivaces que jamais : voilà pour le soleil levant, pour le pouvoir nouveau ; voilà ce que dit le rédacteur du Constitutionnel, et qu’ai-je dit autre chose ? Un coup de pied au lion à terre, un coup d’encensoir au pouvoir qui surgit.

« Mais, laissons Chapelain pour la dernière fois. »


II


Je ne crois pas aux manifestes et aux programmes révolutionnaires, encore moins aux professions de foi politiques que les actes ne tardent jamais à démentir. Je n’adore pas les fétiches ; mais j’aime la jeunesse, parce que j’ai été jeune et que je me sens revivre en elle ; parce qu’elle est destinée à continuer, en la perfectionnant, l’œuvre de ses aînés; je l’aime avec ses illusions généreuses, ses enthousiasmes, je l’aime avec son audace, sa fougue même. Et c’est parce que je l’aime ainsi que toutes les fois que j’aperçois quelque part un danger, que son inexpérience l’empêche de découvrir, je n’hésite jamais à le lui signaler et à lui crier : "Gare !" que je la redresse lorsque je la vois faire fausse route. Ma voix est peut-être rude, sévère ; elle n’a pas la douceur féline de celle des flatteurs toujours prêts à exploiter sa crédulité ; mais elle est sincère, elle est vraie, elle part du cœur. Ce n’est pas aimer ses enfants que d’en