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— IX —

qu'on le répudiait ? C'est ainsi qu'on le comprit de ce côté-ci de l'Atlantique et même en Haïti. Mais tandis que l’on disait, d'un côté, qu'on ne voulait plus contracter à l’étranger au taux ruineux de 15 ou 9 p. 100 l'an, de l’autre, on prenait sur place de l’argent à 5 p. 100 par mois ; et c'est le Constitutionnel (de Port-au-Prince) qui a levé ce lièvre.

Quoi qu'il en soit, les usuriers, les prêteurs à la petite semaine, les pêcheurs en eau trouble, en Haïti, se réjouirent du langage au moins imprudent des hommes d'État du gouvernement provisoire, et, brodant sur ce canevas, ils déclarèrent à leur tour − qu'il fallait tuer le crédit haïtien sur les marchés étrangers. Ils y réussirent au delà de leurs désirs, et bien plus tôt qu'ils ne l'avaient espéré. Et au moment où nous écrivons ces lignes, ce crédit est anéanti en Europe, et fortement endommagé en Haïti même.

IV

Cependant le bruit circule dans le pays que plus de quatre millions de l’emprunt avaient été versés à la caisse de la légation haïtienne. Le bordereau en avait, en effet, été envoyé par notre chargé d’affaires à Paris. Plus de doute, le fait est officiellement constaté. Dès