Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/18

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probablement à leur aune ; ils font du patriotisme à bon marché ; ils jouent le respect des deniers publics, tandis qu’en réalité ils sont fâchés de n’avoir pas été mis à même d’exercer dans cette opération leur industrie et leur savoir-faire, peut-être même de n’avoir pas réussi à faire accepter leurs propres projets d’emprunt, Les millions ! mais à entendre ces scrupuleux, ces vertueux de la dernière heure, le produit tout entier de l’emprunt est dans nos poches, et la République, seule engagée, n’en a rien vu. Que faisaient alors les ministres responsables, les sénateurs, les représentants, contrôleurs nés des actes de l’administration, durant cette dilapidation sans vergogne et sur une si vaste échelle ?

Et c’est lorsque, plongés sans doute dans de mesquines questions personnelles et d’intérêt privé, les réformateurs ont laissé aller en liberté les agents officiels et responsables du gouvernement déchu, qu’ils se rabattent sur moi, qui n’ai figuré qu’officieusement dans la négociation de l’emprunt, pour aider à son succès par des explications et des renseignements utiles ? Pourquoi intervertir Tordre des responsabilités ? Pourquoi n’en pas faire subir directement les conséquences à ceux qui ont joui des honneurs et des avantages des positions lucratives qu’ils ont occupées ?

Questions délicates et difficiles à résoudre. C’est que, dans noire pays, il n’y a malheureusement que les abus qui persistent. Soulouque et Geffrard renversés du pouvoir, on s’est attaqué à leurs biens personnels que l’on a mis sous séquestre ou vendus, et on a renvoyé en paix leurs ministres responsables, en se con- tentant de leur dire : « Allez et ne péchez plus. »

Peut-être croirez-vous, monsieur le Président, que je