Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/25

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annoncée. l'on a vu s’abattre ici des personnages qui s’étaient figuré que les fonds en étaient déjà entassés quelque part, les attendant pour satisfaire et réaliser, dans cette capitale des merveilles, les rêves dorés de leur ambition. Et lorsque, déçus dans leurs espérances et leurs projets, ils se sont mis à crier que l’emprunt avait été dévoré par d’autres qui s’étaient levés plus matin, ils ont trouvé des âmes candides pour répéter que l’emprunt n’avait rien produit au pays. Une autre erreur provenant, non plus de l’ignorance, mais de la mauvaise foi, a été mise en circulation par les pseudo-économistes du terroir : « Quoi, ont-ils dit, nous avons emprunté 50 millions, et l’on veut nous en faire payer 80 ? Nous sommes volés ! » Et les mêmes âmes candides de s’écrier en chœur ; « Nous sommes volées ! »

Eh bien, Messieurs, simplifions le problème pour qu’il soit à portée d’un plus grand nombre d’intelligences ; qu’il ne soit pas question de millions, que beaucoup de ceux qui en parlent pourraient peut-être à peine compter ; supposons seulement un instant, qu’au lieu de 15 p. 100 que nous payons au Crédit général français, et pas un sou de plus, nous ayons emprunté 100 piastres à 6 p. 100 l’an, taux légal en matières de commerce, abstraction faite de la commission et autres menus frais. Au bout de quarante ans, n’aurions-nous pas payé 240 piastres ? Et les économistes du terroir n’auraient-ils pas les mêmes raisons de se plaindre que la caisse publique a été mise au pillage, parce que, pour 100 piastres reçues, elle en aurait réellement payé 240 d’intérêts ou 340, capital compris ? Et -veuillez remarquer, Messieurs, que je suppose