Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/42

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lui ce rassemblement même, et l’engage à regagner au plus vite la terre étrangère. Si Septimus Rameau avait, de son temps, commis un pareil attentat à la liberté individuelle, n’aurait-on pas considéré cet acte comme une manœuvre électorale ; et n’aurait-ce pas été un argument de plus en faveur de la révolution ?

Je n’ai pas la prétention de défendre ici M, Salomon ; il possède pour le faire lui-même la parole et la plume ; mais je vois dans ce qui s’est passé une pure question de principe ; et tout principe attaqué doit être défendu, dût le défenseur être accusé d’être l’ennemi du pouvoir établi-

Et dire que depuis 1843, chaque gouvernement régénérateur qui surgît est plus pressé d’imiter le mal qu’a fait le gouvernement précédent, que d’adopter et de continuer le bien qu’il y a trouvé ! Ainsi la liberté individuelle était à chaque instant à la merci de Septimus Rameau, elle n’est pas plus respectée aujourd’hui.

La seule chose utile qu’ait entreprise le gouvernement Domingue est l’emprunt ; il n’a pu en faire un bon emploi. L’administration nouvelle au lieu de l’accepter et de l’améliorer en le rendant à sa véritable destination — ce qui lui est très-facile — le laisse, au contraire, attaquer, et elle contribue par là même à amoindrir encore, peut-être involontairement crédit du pays déjà si fortement endommagé.

Songez, Messieurs, songez à la patrie, cette mère dont les flancs sont périodiquement déchirés par nos luttes fratricides. Vous avez, je le présume, l’ambition des grandes choses ; vous ne pouviez les exécuter qu’en possédant le pouvoir suprême ; vous l’avez obtenu au prix de grands sacrifices. Justifiez cette noble ambition en