Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/41

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la mort plutôt que de laisser entamer sa liberté individuelle ; parce qu’on a mieux aimé reprendre les rudes travaux de champs que de servir un gouvernement qui n’avait pas sa sympathie ; parce qu’on a pris l’initiative d’une levée de boucliers contre le despotisme, parce que enfin on n’a jamais rien fait qui put troubler Tordre public. Tout cela est quelque chose, sans doute ; mais il est d’autres vertus qu’on exige de ceux qui ont charge d’âmes, qui ont brigué ou accepté la mission de régir l’Etat, parce qu’ils sentaient en eux le feu sacré, de ceux que les anciens appelaient Pasteurs des peuples. Entre autres devoirs qu’impose cette situation délicate, on compte habituellement le respect de la liberté individuelle et le soin de n’y porter ou de n’y laisser porter aucune atteinte ; car étant plus immédiate, cette atteinte soulèverait plus vivement les haines, blesserait l’orgueil humain et créerait le désir de la vengeance. Et cependant voilà ma liberté individuelle gravement attaquée par vous, dans mon honneur et dans ma réputation qui en sont les parties intégrantes ; voilà mes biens tant meubles qu’immeubles saisis et séquestrés pour un fait purement imaginaire que vous avez été dans l’impossibilité de motiver légalement. Qu aurait fait de plus le neveu du général Domingue ?

Un citoyen d’Haïti, le général Salomon se figure que la révolution qui avait renversé un pouvoir insensé, lui ouvrait les portes de la patrie. Il y revient ; vous n’invoquez contre lui aucun empêchement légitime ; vous lui reconnaissez, au contraire, tous les droits inhérents à sa qualité d’Haïtien libre. Mais un rassemblement se forme devant sa demeure ; il s’en plaint. Le gouvernement provisoire impuissant à protéger M. Salomon invoque contre