Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/49

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une basse vengeance dont vous n’osez avouer le motif. Le public et moi, Messieurs, nous attendons que vous le déduisiez franchement et ouvertement. C’est une satisfaction que vous me devez ; que j’exige ; vous la devez également à vous-mêmes, afin de vous justifier du reproche de n’avoir pas mis dans cet acte le sérieux qu’on a le droit de demander à ceux qui ont promis solennellement de régénérer leur pays.

Voyez encore, Messieurs, dans quelles aberrations nouvelles vous ont jetés vos préoccupations révolutionnaires. Vous ne vous êtes pas contentés de rendre votre premier Décret du 27 avril ; et comme une chute entraîne toujours une autre chute, vous avez, suivant le même ordre d’idées, rendu un autre Décret à la même date, on les principes les plus étranges sont invoqués contre les gens que voulait frapper votre haine ou tout autre sentiment mauvais

  • En effet, je lis dans ce second Décret, que & révolu-

tion a pour mission de faire poursuivre les comptables qui ont détourné les deniers publics. Cela n’est pas vrai, Messieurs ; cette mission appartient à toute société organisée, au gouvernement provisoire comme à tout autre. Dans quel état, mon Dieu ! serions-nous, s’il fallait une révolution pour faire poursuivre les comptables infidèles dont notre pays fourmille, et pour réprimer les abus I Non ; les révolutions, telles qu’on les fait en Haïti, ont une autre mission : d’abord de se venger de ses ennemis ou de ceux que l’on croit tels, de prendre les places lucratives occupées par d’autres, de payer ses dettes, de se réhabiliter de certaines flétrissures infligées par les tribunaux criminels. Outre cette mission, la révolution a encore, selon vous, celle de poursuivre tous