MONSIEUR LE RÉDACTEUR,
Je ne sais, si depuis votre arrivée en Haïti, dans le
noble but d’y travailler à la diffusion des lumières,
vous avez remarqué une tendance déplorable qui est
pour moi un signe caractéristique du temps, et une
preuve irréfragable de l’abaissement du niveau moral
du pays. Je veux parler de la légèreté, du laisser-aller
avec lequel on franchit les bornes des convenances que
les nations civilisées se font une règle de respecter,
Vous-même, vétéran du journalisme haïtien, qui en
connaissez les privilèges et les devoirs, vous n’avez
pas su résister à ce funeste entraînement. Vous n’avez
pas reculé devant la publication, sans mon assentiment,
d’une lettre que j’avais adressée le 16 juin 1875, à tout
autre qu’à vous, Certes vous n’auriez pas commis à la
Martinique, votre pays natal, cet acte réputé coupable
aux yeux des hommes de bien. Quoi qu’il en soit, et
comme je n ai pas l’habitude d’envelopper d’ambages
et de circonlocutions l’expression de ma pensée, je
parle hardiment et j’appelle un chat un chat. C’est assez
vous dire nue je n’ai rien à rétracter de ce que contient
cette lettre. Vous avez été plus loin, vous en avez fait
précéder l’insertion de quelques mots sur les bons services que j’ai rendus au pays. Enfin mettant le comble à