Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 38 —

cette indiscrétion et comme aggravation préméditée de la faute, vous avez trouvé de bonne malice de substituer à la forme intime et familière du tutoiement que j’ai constamment employée dans ma correspondance avec M. Septimus Rameau, une autre plus solennelle, croyant lui donner par là un caractère officiel. De deux choses Tune : ou cette métamorphose a eu lieu volontairement, de propos délibéré et dans le dessein de nuire, ce qui me surprendrait, car je ne vous ai jamais connu méchant, et vous n’avez aucune raison de l’être envers moi : le patriotisme même, s’il n’est pas frelaté, n’autorise point l’injustice. Ou vous n’en avez pas vu r original et vous avez imprimé sur une copie inexacte : vous avez alors manqué aux obligations les plus élémentaires de votre état.

Ne pensez- vous pas que vous auriez, de votre côté, rendu un bon service à votre patrie adoptive, si vous vous étiez abstenu de vous livrer à cette fantaisie d’un goût plus que douteux, et que la morale publique rejette toujours avec indignation ?

Quant aux bons services que j’ai pu rendre à mon pays, vous en savez peu de chose ; et lorsque j’ai commencé cette carrière ingrate, vous étiez encore à la Martinique, ne songeant à rien moins qu’à venir en rendre de meilleurs à la République d’Haïti. D’ailleurs ces bons services, qui ne m’ont encore procuré aucun profit, se bornent à ceci : de n’avoir jamais ni intrigué pour avoir une place dans l’Etat ; ni conspiré après avoir perdu celle que j’occupais ; ni flatté aucun pouvoir debout ; et je n’ai jamais, comme l’âne de la fable, donné le dernier coup de pied au lion tombé.

Mais à vos yeux ces bons services c’est la part que