Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/451

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
451
l’empereur léon.


a des fils d’un âge mûr, il peut les associer à ses délibérations : ce seront de fidèles confidens qui travailleront de concert avec lui et l’aideront dans l’administration.

L’aptitude à parler en public lui sera d’un grand secours ; car l’armée étant rangée pour combattre, il excitera tout le monde par ses exhortations à braver les périls et mépriser la mort. La voix du général vaut mieux que le sonde la trompette eue remue l’âme avec plus de force, et la pousse à rechercher la gloire ; elle console et raffermit le soldat dans le malheur, elle est plus efficace pour soulager les maux de l’armée que les soins du médecin pour guérir les blessures rarement celui-ci fait une cure parfaite ; mais le général, par ses discours relève les esprits abattus, ranime l’espérance et le courage.

Ce sera un avantage qu’il soit d’une race noble et distinguée, parce qu’on ne se voit soumis qu’avec peine à des hommes d’une naissance obscure. Personne n’applaudit au choix d’un général qu’il croit inférieur à lui. Cependant s’il s’en trouve un qui ait toutes les vertus que j’ai dites ci-devant, cet homme se sera illustré lui-même, parce qu’il n’est pas possible qu’avec de si grandes qualités il reste longtemps inconnu.

On ne doit pas le choisir cause de ses richesses, s’il manque d’ailleurs des talens nécessaires ; ni rejeter celui qui est indigent par la seule raison du défaut de fortune. Ce ne seront point ces motifs qui nous décideront ; mais les vertus et le degré de mérite.

Je conviens que si tout est égal de ce côté, le riche sera autant au-dessus du pauvre, que les armures couvertes d’or et d’argent sont au-dessus de celles de fer ou d’airain. Les unes et les autres servent également ; mais les premières ont l’ornement de plus. Cela n’empêche pas que l’homme indigent ne doive être employé, s’il est exempt d’avarice et incapable de se laisser corrompre.

L’illustration des ancêtres peut être de quelque poids ; mais le plus beau lustre du général, sont les qualités et les talens de son emploi. Lorsqu’on fait emplette d’animaux, on ne s’informe pas seulement de leur origine, mais aussi s’ils ne sont pas vicieux, lâches, paresseux ; et l’on veut savoir de quoi ils sont capables. De même on ne doit pas juger les hommes par les seules actions de leurs ancêtres ; il faut les estimer selon les leurs propres. Il est injuste de mépriser de braves soldats pleins de vertus, parce qu’ils sont nés de parens obscurs, et d’élever aux grandes charges des gens ineptes, qui ne peuvent se parer que du mérite de leurs aïeux.

Heureux celui qui peut joindre à ses vertus la gloire de ses ancêtres mais il la citera en vain s’il n’est pas capable de la soutenir.

Peut-être quelqu’un pensera-t-il que comme celui qui a de petites facultés est plus industrieux et plus actif pour les augmenter, que s’il était né avec des richesses, de même l’homme nouveau, dénué de l’appui d’un grand nom, sentira qu’il doit être seul l’artisan de sa fortune ; qu’il s’y livrera par cette raison avec plus d’application au lieu que celui qui trouve le chemin frayé par ses parens sera plus mou et plus indolent.

Tout bien examiné, on prendra, si l’on peut, un général capable, noble et riche, sans exclure toutefois l’homme de mérite pauvre et sans naissance.

Le commerce, tel qu’il soit, auquel s’adonne le menu peuple, est au-dessous d’un générai, et avilirait sa di-