Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/452

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
452
l’empereur léon.


gnité il y puiserait d’ailleurs l’amour du gain et rapidité des richesses.

Finalement, il doit avoir le corps sain, l’esprit prompt et décidé, être actif, laborieux, courageux, intrépide dans les dangers, pieux, et disciple fidèle de la vraie religion.

Il doit être modéré dans les plaisirs des sens, mais insatiable de la gloire et des louanges qu’attirent les belles actions.

Il faut qu’il sache prendre son parti dans les cas difficiles et douteux ; prévoir les obstacles, les écarter, ou les vaincre qu’il soit expérimenté à dresser, armer et ranger les troupes.

Qu’il sache relever le courage des soldats abattus, ranimer leurs espérances, et les exciter à tout entreprendre qu’il fasse observer exactement les lois militaires ; qu’il ait le discernement fin et subtil pour ne pas se laisser surprendre par les discours adroits de ceux qui voudraient l’engager dans de fausses démarches.

Il faut qu’il soit ménager de l’argent qu’il donnera pour ses plaisirs, mais qu’il n’épargne rien pour tout ce qui peut être utile à l’état ; qu’il soit affable et d’un facile accès ; point si clément et si doux, qu’il se fasse mépriser, ni si rude et si sévère que la crainte aliène de lui les cœurs.

Il serait trop long de rapporter ici le détail de toutes les fonctions journalières de sa charge nous en parlerons dans le cours de cet ouvrage, quand il sera question de l’art des opérations, et nous tâcherons de ne rien omettre d’important.

Si celui qui sera élevé à ce poste pendant notre règne a toutes les qualités que nous désirons, et qu’il y persiste, nous espérons qu’il attirera les grâces du ciel sur nos armes et sur l’état ; il s’acquerra aussi notre bienveillance avec l’estime générale. Ainsi après avoir établi l’état de perfection du capitaine-général de l’armée, mettons-le à présent en activité, et comme si nous lui parlions, déclarons-lui tout ce qui est convenable aux fonctions de sa charge, et comment il doit se conduire, soit dans le gouvernement de l’armée, ou dans la manière de la ranger.

Je vous exhorte avant tout, ô général, d’être pieux et juste, d’avoir sans cesse Dieu devant les yeux, de le craindre et l’aimer de tout votre cœur, de suivre ses commandemens, de gagner sa bienveillance, afin que dans l’occasion (ceci est peut-être trop hardi) étant assuré d’avoir pour ami le maître universel, vous puissiez le prier avec confiance, et de même en espérer le secours dont vous avez besoin.

Soyez bien persuadé que sans sa divine assistance rien ne vous réussira, quoique vous usiez d’une extrême prudence ; que sans elle vous ne vaincrez point les plus faibles ennemis, parce que la Providence régit tout, jusqu’aux plus petites choses.

Un pilote, quoique très-habile, emploie en vain son art, si les vents sont toujours contraires mais s’il en trouve un favorable, en y joignant son habileté, il doublera en toute assurance la vitesse de sa course. De même un bon général, qui s’attire la protection du ciel, en remplissant ses fonctions avec sagacité et vigilance, conservera saine et entière l’armée qui lui sera confiée et réunissant sa prudences la force, il fera échouer tous les desseins de l’ennemi. S’il veut donc que Dieu lui serve de guide, il faut que la justice et la piété soient le fondement de toutes ses actions.

Soyez honnête envers qui il conviendra. Ceux qui ont des mœurs sauvages se rendent odieux et intolérables.