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CHAPITRE XVII


Les Parisiennes. — Suspension d’armes pour l’évacuation de Neuilly. — L’armée de Versailles et celle de Paris.

La grande flamme de Paris voilait encore ces faiblesses. Qui n’en fut brûlé ne saura la décrire. Les journaux communeux, malgré leur romantisme, étaient ternes à côté. La mise en scène, peu de chose. Dans les rues, sur les boulevards silencieux, un bataillon de cent hommes qui va au feu ou en revient, quelque femme qui suit, un passant qui applaudit, c’est le drame de cette révolution, simple et gigantesque comme un drame d’Eschyle.

Le commandant, en vareuse, poussiéreux, les galons roussis. Les hommes, tous cheveux gris ou têtes blondes, les vieux de Juin et les pupilles de l’idée. Bien souvent le fils marche à côté du père [1].

Cette femme qui salue ou accompagne, c’est la vaillante et vraie Parisienne. L’immonde androgyne née des fanges impériales a suivi sa clientèle à Versailles ou exploite la mine prussienne de Saint-Denis. Celle qui tient le pavé maintenant, c’est la femme forte, dévouée, tragique, sachant mourir comme elle aime, de ce pur et généreux filon qui, depuis 89, court vivace dans les profondeurs populaires. La compagne de travail veut aussi s’associer à la mort. « Si la nation française ne se composait que de femmes, quelle terrible nation ce serait ! » écrivait le correspondant du Times. Le 24 mars, aux bataillons bourgeois de la mairie du Ier arrondissement, un fédéré dit ce mot qui fit tomber

  1. Appendice iv