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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

Prussiens, « braves gens calomniés » dont on aime, au sortir de « cette ménagerie de singes et de tigres » à entendre le ia ! « On ne saurait, dit le Drapeau Tricolore s’imaginer ce que ce ia tenait de choses. Il semblait dire : "Oui, pauvre Français, nous sommes-là, ne crains plus rien ; on ne te mettra plus en prison ; tu auras le droit d’aller, de venir ; tu, ne seras plus réduit à lire les boniments de Jules Vallès ou les sanglantes pasquinades du vaudevilliste Rochefort ; tu es ici en pays libre ia, sur une terre amie, ia, sous la protection de baïonnettes bavaroises, ia… Je ne pus m’empêcher de répéter à mon tour ce ia en essayant d’attraper l’intonation. Il ôta sa pipe de sa bouche : Ah, Français, touchours quai, dit-il. Ia ! Ia ! Et nous nous mîmes à rire l’un en face de l’autre. »

Versailles trouve ce Sarcey dans le ton, tout à fait. Versailles en applaudira bien d’autres. Le 10 mai, jour des prières, le Figaro publie un programme de massacre : « On demande formellement que tous les membres de la Commune, du Comité Central et autres institutions de même forme ; que tous les journalistes qui ont lâchement pactisé avec l’émeute triomphante ; que tous les Polonais interlopes, tous les Valaques de fantaisie qui ont régné deux mois sur la plus belle et la plus noble ville du monde, soient, avec leurs aides de camp, colonels et autre fripouille à aiguillettes, conduits, après jugement sommaire, de la prison où on les aura enfermés, au Champ de Mars, où ils seront passés par les armes devant le peuple rassemblé. »

Paris lit tout cela et il en rit. Ces Versaillais lui font l’effet de maniaques à danse de Saint-Guy. Paris les blague. Il ne croira jamais que ces Seine-et-Oisillons, comme il les appelle, puissent être d’horribles vautours.