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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

Paris à se rendre à leur domicile dans les quarante huit heures « sous peine de voir brûler leurs titres de rentes et grand livre. » Cette folle imbécillité ne sera pas punie.

Eh ! qu’il la prenne donc l’administration de la Guerre cet ambitieux Comité Central, s’il est capable de ressouder les bataillons qui se désagrègent. À peine reste-t-il deux mille hommes d’Asnières à Neuilly, quatre mille peut-être de la Muette au Petit-Vanves. Les bataillons assignés aux postes de Passy ne s’y trouvent pas ou se tiennent dans les maisons, loin du rempart ; beaucoup de leurs officiers ont disparu. Du bastion 36 au 70, précisément au point d’attaque, il n’y a pas vingt artilleurs. Les sentinelles sont absentes.

Est-ce trahison ? — Les conspirateurs se vantèrent quelques jours après d’avoir dégarni ces remparts. Le bombardement effroyable suffit à expliquer ce désert. Il y a cependant une incurie coupable. Dombrowski, las de lutter avec l’inertie de la Guerre, ne visite plus aussi assidûment les postes, va trop à son quartier de la place Vendôme. Le Comité de salut public, informé de l’abandon des remparts, se borne à prévenir la Guerre au lieu d’accourir.

Le samedi 20 mai, à une heure de l’après-midi, les batteries de brèche se démasquèrent. Trois cents pièces de marine et de siège confondant leurs détonations annoncèrent l’ouverture du drame définitif.

Le même jour, de Beaufond que l’arrestation de Lasnier n’avait pas découragé, envoya son émissaire habituel prévenir le chef d’état-major versaillais que les portes de Montrouge, de Vanves, de Vaugirard, du Point-du-Jour et Dauphine étaient entièrement abandonnées. Des ordres de concentration furent lancés. Le 21, les Versaillais se trouvaient en mesure comme le 3 et le 12. Cette fois, la réussite paraissait certaine. La porte de Saint-Cloud était en miettes.

Depuis plusieurs jours, des membres de la Commune signalaient cette brèche au chef d’état-major. Il répondait à la Cluseret, que ses mesures étaient prises, qu’il allait acheminer sur cette porte une barricade mobile et blindée ; rien ne venait. Le dimanche, Lefrançais, traversant le fossé sur les débris du pont-levis, entendit et