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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

derai moi-même. » Il adresse une dépêche au Comité de salut public et à la Guerre, et envoie le bataillon des volontaires occuper la porte d’Auteuil.

À cinq heures, des gardes nationaux sans képi, sans fusil, jettent le cri d’alarme dans les rues de Passy. Des officiers dégainent et s’efforcent de les arrêter. Les fédérés sortent des maisons ; les uns chargent leurs fusils, les autres soutiennent que c’est une fausse alerte. Le commandant des volontaires ramasse et emmène tout ce qu’il peut entraîner.

Ces volontaires étaient une troupe bronzée au feu. Près du chemin de fer, ils voient les pantalons rouges et les reçoivent à toute volée. Un officier versaillais essaie d’enlever ses hommes et tombe sous les balles. Ses soldats reculent. Les fédérés s’établissent sur le viaduc et au débouché du boulevard Murat. Ils barricadent en même temps le quai à la hauteur du pont d’Iéna.

La dépêche de Dombrowski est parvenue à sept heures au Comité de salut public. Billioray, le seul de ses membres présent à la permanence, se rend aussitôt au Conseil. L’assemblée jugeait Cluseret et Vermorel avait la parole. L’ex-délégué, assis sur une chaise, écoutait l’orateur avec cette impudente nonchalance que les naïfs prenaient pour du talent. Billioray entre tout pâle et s’assied un instant. Comme Vermorel continue, il lui crie : « Concluez ! concluez ! j’ai à faire une communication de la plus grande importance et pour laquelle je demande le comité secret. »

Vermorel : « Je cède la parole au citoyen Billioray. »

Billioray lit un papier qui tremble légèrement dans sa main : « Dombrowski à Guerre et Comité de salut public. Les Versaillais sont entrés par la porte de Saint-Cloud. Je prends des dispositions pour les repousser. Si vous pouvez m’envoyer des renforts, je réponds de tout[1] ».

Un silence de stupeur ; puis les interrogations

  1. L’original de cette dépêche a péri ; nous l’avons reconstituée avec le témoignage du frère de Dombrowski et de plusieurs membres de la Commune.