Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
324
HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

sur les baraquements du Champ-de-Mars. Ils étaient à peu près vides, quoi qu’ait écrit Vinoy. Ils n’en sont pas moins incendiés par les obus du Trocadéro — le premier incendie des journées de Mai, et avoué par les Versaillais eux-mêmes. L’École militaire tombe entre leurs mains.

Le VIIe arrondissement se lève. On barricade le quai en face de la Légion d’honneur, les rues de Lille, de l’Université et le boulevard Saint-Germain à la hauteur de la rue Solférino. Rue du Bac, une douzaine de brassardiers, conduits par Durouchoux et Vrignault, descendent grand train ; le membre de la Commune Sicard et quelques fédérés les arrêtent devant le petit Saint-Thomas. Une balle renverse Durouchoux ; ses acolytes l’emportent et profitent de l’occasion pour disparaître. Les rues de Beaune, de Verneuil, des Saint-Pères, sont mises en état de défense, une barricade s’élève rue de Sèvres, à l’Abbaye-au-Bois.

À droite, les soldats de Cissey descendent sans obstacles la rue de Vaugirard jusqu’à l’avenue du Maine ; une autre colonne file le long du chemin de fer et atteint à six heures et demie la gare Montparnasse. Cette position capitale n’a pas été préparée. Une vingtaine d’hommes la défendent ; à court de cartouches, ils se replient sur la rue de Rennes, où, sous le feu des troupes, ils construisent une barricade à la hauteur de la rue du Vieux-Colombier. À son extrême droite, Cissey occupe la porte de Vanves, et garnit la ligne du chemin de fer de l’Ouest.

Au bruit du canon, Paris se lève et voit la proclamation de Delescluze. Les magasins se referment, les boulevards restent vides, la vieille insurgée prend sa physionomie de combat. Les estafettes brûlent le pavé. Des fragments de bataillons viennent à l’Hôtel-de-Ville, où le Comité Central, le comité d’artillerie, tous les services militaires se sont concentrés.

À neuf heures, vingt membres du Conseil se trouvent réunis. Prodige ! voici Félix Pyat qui vient de crier : Aux armes ! dans le Vengeur du matin. Il a revêtu son air de patriarche. « Eh bien, mes amis ! notre dernière heure est venue. Oh ! pour moi, que m’importe ! Mes cheveux sont blancs, ma carrière est terminée. Quelle