Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/187

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rapports, à toutes les amitiés, qui eussent voulu l’entraîner à leur suite et le pousser dans de plus tumultueuses sphères. Prêt à tout donner, il ne se donnait pas lui-même. Peut-être savait-il quel dévouement exclusif sa constance eût été digne d’inspirer, quel attachement sans restriction sa fidélité eut été digne de comprendre, de partager ! Peut-être pensait-il, comme quelques âmes ambitieuses, que l’amour et l’amitié s’il ne sont tout, ne sont rien ! Peut-être lui a-t-il coûté plus d’efforts pour en accepte !’ le partage, qu’il ne lui en eût fallu pour ne jamais effleurer ces sentimens et n’en connaître qu’un idéal désespéré ! — S’il en a été ainsi, nul ne l’a su au juste, car il ne parlait guère ni d’amour, ni d’amitié. Il n’était pas exigeant, comme ceux dont les droits et les justes exigences dépasseraient de beaucoup ce qu’on aurait à leur offrir. Ses plus intimes connaissances ne pénétraient pas jusqu’à ce réduit sacré où habitait le secret mobile de son âme, absent du reste de sa vie : réduit si dissimulé, qu’on en soupçonnait à peine l’existence !

Dans ses relations et ses entretiens, il semblait ne s’intéresser qu’à ce qui préoccupait les autres ; il se gardait de les sortir du cercle de leur personnalité pour les ramener à la sienne. S’il livrait peu de son temps, en revanche ne se réservait-il rien de celui qu’il accordait. Ce qu’il eût rêvé, ce qu’il eût souhaité, voulu, conquis, si sa main blanche et effilée avait pu marier des cordes d’airain aux cordes d’or de sa lyre,