Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/233

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inflammable, qui à la moindre occasion s’allume et les entoure d’une soudaine phosphorescence.

Fantasmes illusoires, célestes visions, il vous a vu luire dans cet air si rarescible ! Il avait deviné quel essaim de passions y bourdonne sans cesse et comment elles flofloUent dans les âmes ! Il avait suivi d’un regard ému ces passions toujours prêtes à s’entre-mesurer, à s’entre-entendre, à s’entre-navrer, à s’entre-ennoblir, à s’entre-sauver, sans que leurs pétillemens et leurs trépidations viennent à aucun instant déranger la belle eurhythmie des grâces extérieures, le calme imposant d’une apparence simple et sciemment tranquille. C’est ainsi qu’il apprit à goûter et à tenir en si haute estime les manières nobles et mesurées, quand elles sont réunies à une intensité de sentiment qui préserve la délicatesse de l’affadissement, qui empêche la prévenance de rancir, qui défend à la convenance de devenir tyrannie, au bon goût de dégénérer en raideur ; ne permettant jamais aux émotions de ressembler, comme il leur arrive souvent ailleurs, à ces végétations calcaires, dures et frangibles, tristement nommées fleurs de fer : flos-ferri. En ces salons, les bienséances rigoureusement observées ne servaient pas, espèces de corsets ingénieusement bâtis, à dissimuler des cœurs difformes ; elles obligeaient seulement à spiritualiser tous les contacts, à élever tous les rapports, à aristocratiser toutes les impressions. Quoi de surprenant, si ses premières