Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/241

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naturellement le faire voyager, lui faire connaître les artistes célèbres et les belles exécutions des grandes œuvres. A cet effet, il fit quelques rapides séjours dans plusieurs villes de l’Allemagne. En I830, il avait quitté Varsovie pour une de ces excursions momentanées, lorsque éclata la révolution du 29 novembre.

Obligé de rester à Vienne, il s’y fit entendre dans quelques concerts ; mais cet hiver là, le public de Vienne, si intelligent d’habitude, si promptement saisi de toutes les nuances de l’exécution, de toutes les finesses de la pensée, fut distrait. Le jeune artiste n’y produisit pas toute la sensation à laquelle il avait droit de s’attendre. Il quitta Vienne dans le dessein de se rendre à Londres ; mais c’est d’abord à Paris qu’il vint, avec le projet de ne s’y arrêter que peu de temps. Sur son passe-port, visé pour l’Angleterre, il avait fait ajouter : passant par Paris. Ce mot renfermait son avenir. Longues années après, lorsqu’il semblait plus qu’acclimaté, naturalisé en France, il disait encore en riant : « Je ne suis ici qu’en passant ». A son arrivée à Paris il donna deux concerts où il fut de suite vivement admiré, autant par la société élégante que par les jeunes artistes. Nous nous souvenons de sa première apparition dans les salons de Pleyel, où les applaudissemens les plus redoublés semblaient ne pas suffire à notre enthousiasme, en présence de ce talent qui révélait une nouvelle phase dans le sentiment poétique, à côté de si heureuses innovations