Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/240

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présence des dons les plus éclatans du génie ; car, cette soumission naïve, cet abandon de l’amour, qui absorbent la femme, son existence, sa volonté, jusqu’à son nom, dans ceux de l’homme qu’elle aime, peuvent seuls autoriser cet homme à penser, lorsqu’il quitte la vie, qu’il l’a partagée avec elle et que son amour fut à même de lui acquérir ce que, ni l’amant de hasard, ni l’ami de rencontre, n’auraient pu lui donner : l’honneur de son nom et la paix de son cœur.

Inopinément séparée de Chopin, la jeune fille qui allait être sa fiancée et ne le devint pas, fut fidèle à sa mémoire, à tout ce qui restait de lui. Elle entoura ses parens de sa filiale amitié ; le père de Chopin ne voulut pas que le portrait qu’elle en avait dessiné dans des jours d’espoir, soit jamais remplacé chez lui par aucun autre, fût-il dû à un pinceau plus expérimenté. Bien des années après, nous avons vu les joues pâles de cette femme attristée se colorer lentement, comme rougirait l’albâtre devant une lueur dévoilée, lorsqu’en contemplant ce portrait son regard rencontrait le regard d’un ami arrivant de Paris.

Dès que ses années de collége furent terminées, Chopin commença ses études d’harmonie avec le professeur Joseph Elsner, qui lui enseigna la plus difficile chose à apprendre, la plus rarement sue : à être exigeant pour soi-même, à tenir compte des avantages qu’on n’obtient qu’à force de patience et de travail. Son cours musical brillament achevé, ses parens voulurent