Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/249

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ailleurs ; parce que l’expression des mêmes sentimens se retrouve sous toutes les formes et tous les titres qu’il donna à ses ouvrages. Ses Préludes, ses Etudes, ses Nocturnes surtout, ses Scherzos, même ses Sonates et ses Concertos, — ses compositions les plus courtes, aussi bien que les plus considérables, — respirent un même genre de sensibilité, exprimée à divers degrés, modifiée et variée en mille manières, toujours une et homogène. Auteur éminemment subjectif, Chopin a donné à toutes ses productions une même vie, il a animé toutes ses créations de sa vie à lui. Toutes ses œuvres sont donc liées par l’unité du sujet ; leurs beautés, comme leurs défauts, sont toujours les conséquences d’un même ordre d’émotion, d’un mode exclusif de sentir. Condition première du poète dont les chants font vibrer à l’unisson tous les cœurs de sa patrie ’).

1) Nous nous plaisons a citer ici quelques lignes du Cu Charles Zuluski, petil fils de Pre Oginski, auteur de la polonaise dont nous avons parlé plus haut et mentionné la vignette étrange. D’entre beaucoup de compatriotes de Chopin, le Cte Zuluski, musicien éminent, sut peut-être le mieux saisir le sens, l’esprit, l’âme, de ses œuvres. — Dans un interessent article sur Chopin, que publia une Revue littéraire de Vienne, Die Dioskuren, II. Band, ce diplomate, qui est un poète élégant en même temps qu’un orientaliste distingué, dit :

Kein Werk des Meisters lst aber geeigneter, einen Einblick in den erstaunlichen Reichthum seiner Gedanken zu gewahren, als seine Praludien. Diese zarten, oft ganz kleinen Vorspiele sind so stimmungsvoll, dass es kaum moglich ist, beim Anhoren derselben sich der herandringenden poetischen Anregungen zu crwehren. An und fur sich bestimmt, musikalische Intentionen mehr anzudeulen als au.szufuhren , zaubern sie lebhafte Bilder hervor. oder so zu sagen selbstentstandene Gedichte, die dem Hcrzensdrang entsprechenden Gefuhlen Ausdruck zu gcben