Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/262

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par Byron alors que, ressuscitant le Tasse, il lui faisait pleurer ses larmes les plus brûlantes, non sur sa prison, non sur ses chaînes, non sur ses douleurs physiques, ni sur l’ignominie des hommes, mais sur son épopée terminée, sur le monde de sa pensée qui, en lui échappant, le rendait enfin sensible aux affreuses réalités dont il était entouré.

Mme Sand entendit souvent parler à cette époque, par un musicien ami de Chopin, l’un de ceux qui l’avaient accueilli avec le plus de joie à son arrivée à Paris, de cet artiste si exceptionnel. Elle entendit vanter plus que son talent , son génie poétique ; elle connut ses productions et en admira l’amoureuse suavité. Elle fut frappée de l’abondance de sentiment répandu dans ces poésies, de ces effusions de cœur d’un ton si élevé, d’une noblesse si immaculée. Quelques compatriotes de Chopin lui parlaient des femmes de leur nation avec l’enthousiasme qui leur est habituel sur ce sujet, rehaussé alors par le souvenir récent des sublimes sacrifices dont elles avaient donné tant d’exemples dans la dernière guerre. Elle entrevit à travers leurs récits et les poétiques inspirations de l’artiste polonais, un idéal d’amour qui prenait les formes du culte pour la femme. Elle crut que là, préservée de toute dépendance, garantie de toute infériorité, son rôle s’élevait jusqu’aux féeriques puissances de quelque intelligence supérieure et amie de l’homme. Elle ne devina certainement pas quel long