Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/267

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miasmes de notre atmosphère , elles ne le sont point de nos plus désolées tristesses. Ceux qui s’y transportent y voient des soleils qui s’allument, mais d’autres qui s’éteignent. Les plus nobles astres des plus rayonnantes constellations, y disparaissent un à un. Les étoiles tombent, comme une goutte de rosée lumineuse, dans un néant dont nous ne connaissons même pas le béant abîme et l’imagination, en contemplant ces savanes de l’éther, ce bleu sahara aux oasis errantes et périssables, s’accoutume à une mélancolie que ne parviennent plus à interrompre, ni l’enthousiasme, ni l’admiration. L’âme engouffre ces tableaux, elle les absorbe, sans même en être agitée, pareille aux eaux dormantes d’un lac qui reflètent à leur surface le cadre et le mouvement de ses rivages, sans se réveiller de leur engourdissement.— « Cette mélancolie « atténue jusqu’aux vivaces bouillonnemens du bonheur, « par la fatigue attachée à cette tension de l’âme au « dessus de la région qu’elle habite naturellement « elle fait sentir pour la première fois l’insuffisance de « la parole humaine, à ceux qui l’avaient tant étudiée et « s’en étaient si bien servi Elle transporte loin de « tous les instincts actifs et pour ainsi dire militans… « pour faire voyager dans les espaces, se perdre dans « l’immensité en courses aventureuses, bien au-dessus « des nuages,… où l’on ne voit plus que la terre est « belle, car on ne regarde que le ciel,… où la réalité « n’est plus envisagée avec le sentiment poétique de