Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/278

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objets, l’atmosphère elle-même, prendre des teintes flamboyantes. Cette garde-malade si admirable, n’étaitelle pas un grand artiste ? Rare et merveilleux assemblage ! Quand la nature, pour douer une femme, unit les dons les plus brillans de l’intelligence à ces profondeurs de la tendresse et du dévouement où s’établit son véritable, son irrésistible empire, celui en dehors duquel elle n’est plus qu’une énigme sans mot, — les flammes de l’imagination en se mariant chez elle aux limpides clartés du cœur, renouvellent dans une autre sphère le miraculeux spectacle de ces feux grégeois, dont les éclatantes incendies couraient autrefois sur les abîmes de la mer sans en être submergés, surajoutant dans les reflets de ses vagues les richesses de la pourpre aux célestes grâces de l’azur.

Mais, le génie sait-il toujours atteindre aux plus humbles grandeurs du cœur, à ces sacrifices sans réserve de passé et d’avenir, à ces immolations aussi courageuses (pie mystérieuses, à ces holocaustes de soi-même, non pas temporaires et changeans, mais constans et monotones, (jui donnent droit à la tendresse de s’appeler dévouement ? La force supranaturelle du génie, dénuée de forces divines et surnaturelles, ne croit-elle pas avoir droit à de légitimes exigences, et la légitime force de la femme n’est-elle pas d’abdiquer toute exigence personnelle et égoïste ? La royale pourpre et les flammes ardentes du génie, peuvent-elles flotter inoffensives sur l’azur immaculé d’une destinée de femme, quand elle