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moiries, appelées le Joyau de la famille, car l’honneur de chacun de ses membres devait répondre de son intégrité. Aussi, particularité unique du blason polonais, avait-il son nom qui remontait d’ordinaire à quelqu’origine anecdotique et que n’avaient pas droit de prendre d’autres armoiries semblables, parfois identiques, mais appartenant à un autre sang.

On n’imaginerait pas les nombreuses nuances et la mimique expressive introduites jadis dans la Polonaise, plus jouée encore que dansée, sans les récits et les exemples de quelques vieillards qui portent jusques à présent l’ancien costume national. Le kontusz d’autrefois était une sorte de kaftan, de férédgi occidental raccourci jusqu’aux genoux ; c’est la robe des orientaux modifiée par les habitudes d’une vie active, peu soumise aux résignations fatalistes. D’une étoffe aussi riche que d’une couleur voyante pour les grandes occasions, ses manches ouvertes laissaient paraître le vêtement de dessous, le żupan, d’un satin uni si le sien était ouvragé, d’une étoffe fleurie et brochée si la sienne était d’une façon unie. Souvent garni de fourrures coûteuses, luxe de prédilection alors, le kontusz devait une partie de son originalité à ce qu’il obligeait à un geste fréquent, susceptible de grâce et de coquetterie, par lequel on rejetait en arrière le simulacre de ses manches pour mieux découvrir la réunion, plus ou moins heureuse, parfois symbolique, des deux couleurs amies qui formaient l’ensemble de la toilette du jour.