Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le crêpe rouge de leur robe, mais heureuses d’enfoncer une épingle tombée de leur coiffure dans le cœur d une mère ou d’une sœur, qui les maudit chaque fois qu’elles passent en tourbillonnant devant elle, Ce qui était odieux, elles le rendent risible, en essayant de singer les grands airs des grandes dames. A observer la vulgarité des formes mongoles, la disgrâce des traits kalmouks. qui impriment encore leurs traces sur ces plattes figures, on songe involontairement aux longs siècles durant lesquels les russes durent lutter avec les hordes payennes de l’Asie. dont ils portèrent souvent le joug en gardant son empreinte barbare dans leur âme, comme dans leur langue ! Encore au jour d’aujourd’hui, le trésor de l’Etat, comme qui dirait en Europe le ministère des finances, y est appelé la tente princiére : celle où jadis se portait le plus beau du butin et du pillage ! Kaziennaia Ptilata.

Quand les femmes des vainqueurs sont en présence des femmes de vaincus, elles font toutes pleuvoir le dédain de leurs prunelles arrogantes. Ni les « dames chiffrées », celles qui portent un monogramme impérial sur l’épaule, ni les autres qui ne peuvent se targuer d’être ainsi marquées comme les génisses d’un troupeau seigneurial, ne comprennent rien à l’atmosphère où elles sont plongées. Elles ne voient ni les flammes de l’héroïsme, précurseurs de la conflagration, monter en langues étroites et frémissantes jusqu’aux plafonds dorés et là, former une voûte de