Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/90

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l’honneur. A ce double jeu chacun s’enflamme et, comme on ne se rencontre guère ailleurs, c’est durant la mazoure qu’on épuise toutes ses ressources, ses stratagèmes, ses assauts, ses embuscades et ses silencieuses victoires. Le bal et la danse sont le terrain de ces grandes batailles, dont le succès consiste à se changer en d’heureux préliminaires de paix entre deux béllégérans amis, sur les bases de quelque haute rançon et de quelque souvenir ému, qui scintille comme une étoile jamais voilée dans le cœur de l’homme, laissant parfois aussi une reconnaissance toujours bienveillante dans celui de la femme’).

Là, où les neiges boréales d’irkutsk, les ensevelissemens vivans de Nertschinsk, forment neuf fois sur dix comme l’arrière-fond, l’arrière - pensée d’une conversation engagée par une polonaise qui effeuille son bouquet

1) Un général russe était chargé de faire éxéeuter on ne sait plus quelles mesures vexatoires àl’enlourdu couvent des dominicaines, à Kamieniec en Podolie. La prieure fut obligée de le voir pour lâcher d’obtenir qnelqu’adoucissement a ces rigueurs. Appartenant à une des plus antiques familles de la Lithuanie, elle était encore d’une grande beauté et d’une suavité de manières vraiment fascinante. Le général la vit derrière la grille du parloir et causa longtemps avec elle. Le lendemain il lui fit accorder tout ce qu’elle avait demandé, (sans la prevenir qu’un an après son successeur n’en tiendrait aucun compte,) et ordonna ii ses soldats de planter un jeune peuplier devant ses fenêtres ; personne ne devina ce que pouvait signifier cette fantaisie. Bien des années après, la mère Marie-Rose le regardait encore avec complaisance ; il lui rappelait que le général russe avait Irouve moyen de lui rendre un cternel hommage, en faisant dire à cet arbre qui indiquait sa cellule : To polka.