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fut supposé avoir des demeures cachées dans l’intérieur des montagnes. Une des principales devait se trouver dans le Hörselberg, avoisinant le château de la Wartbourg. Là, elle tenait cour plénière dans un palais féérique, entourée de ses nymphes, de ses naïades, de ses syrènes dont les chants étaient entendus au loin par les malheureux en proie aux désirs impurs, et qui alors, conduits par ces voix fatales, arrivaient à travers des chemins inconnus, à cette grotte où l’Enfer se déguisait sous des charmes décevants, pour entraîner dans une éternelle perdition ceux qui se livraient à leurs séductions damnables.

Tannhäuser, chevalier et poëte, avait, à l’un de ces combats où l’on se disputait la palme de l’art, remporté une éclatante victoire, et la Psse Élisabeth de Thuringe, aima celui pour lequel l’admiration ne lui semblait qu’un froid hommage. Peu de temps après, il avait disparu sans que personne pût s’expliquer son absence. Un jour que le Landgrave revenait de la chasse, accompagné des poëtes qui avaient été ses rivaux, et qui formaient la lumineuse pléiade de cette époque, ils le trouvèrent non loin du Château, agenouillé sur le grand chemin et joignant une fervente prière au chant des pélerins qui traversaient la vallée pour se rendre à Rome. Bientôt reconnu, questionné, il ne répond qu’avec peine