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et réserve. « Il revient de loin », dit-il, « de contrées où il n’a trouvé ni paix ni repos, » et plein de tristesse et d’abattement, il refuse de se réunir à eux et veut poursuivre sa route solitaire. Wolfram von Eschenbach, un des poëtes de ce temps qui a laissé le plus de renommée, s’obstine à le retenir, et lui parle d’Élisabeth, qui, silencieuse, pâle, et voilée de mélancolie, n’écoute plus les bardes, ne revient plus aux fêtes, et se consume dans un lent chagrin depuis qu’il s’est éloigné d’elle. Tannhäuser répète ce nom avec l’accent des joies inattendues, et vaincu enfin dans sa singulière résistance, il s’écrie : «  Vers elle !.. vers elle !.. » Zu ihr ! zu ihr !

À ce retour inespéré, la princesse, la Princesse renaît à la vie. Sa tendre affection pour elle, inspire au Landgrave l’idée d’un nouveau combat de poëtes dont il la proclame reine. Persuadé que Tannhäuser en serait de rechef le vainqueur, il promet de ne refuser aucun prix aux vœux de celui qui triompherait ce jour-là, et il choisit l’Amour pour thème de leurs chants. C’est Wolfram qui les commence, lui aussi épris d’Élisabeth, épris de cet amour profond qui se délecte dans le sacrifice et aspire au bonheur de ce qu’il aime, fût-ce aux dépens du sien propre ; lui qui avait ramené l’amant oublieux à celle dont il n’avait à espérer d’autre aveu que ces vers de la ballade de Schiller :