Page:Liszt - Lohengrin et Tannhäuser, 1851.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146

et aviver l’intérêt presque épuisé, le dernier mot de la tragédie qui va se jouer étant déjà si puissamment prononcé.

III.


La première scène nous introduit dans cette grotte secrète, que le Hörselberg renfermait, disait-on. Nous y voyons, dans un clair-obscur rosé, les Nymphes, les Dryades, les Bacchantes agitant leurs tyrses et leurs pampres au son de ces rhythmes de l’ouverture, qui formaient les cinquante premières mesures de l’Allégro. Elles entourent la Déesse étendue sur sa couche, vêtue de la tunique grecque qui flotte en drapant sa taille, comme si son léger tissu n’était qu’un encens plus rose, que le reste de l’atmosphère. Dans les cavités de la grotte, les eaux calmes des lacs réfléchissent les ombrages des bosquets, où errent des couples heureux ; là aussi, se voient les syrènes charmeresses. Aux pieds de Vénus, son amant est assis, triste, morne, et tenant sa lyre d’une main distraite. Elle s’informe de la cause de ses ennuis. Il soupire profondément, comme réveillé d’un songe qui l’emportait bien loin des objets présents. Elle continue ses questions inquiètes. « Liberté !... » lui répond alors le captif, et saisissant vivement sa lyre, il entonne un chant où il lui pro-