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le rapprochement du costume antique avec celui du moyen-âge. L’imagination qui croit d’abord voir s’animer et se colorer les dessins de Flaxmann, dont le burin nous a si bien familiarisé avec la silhouette de la belle Déesse, a peine ensuite à refuser le titre de Sainte, à cette Élisabeth, qui nous semble sortie vivante des peintures d’un manuscrit légendaire de son époque

Il faut aussi compter au nombre des précieux avantages du poëme de Tannhäuser, qui appartient à ceux où le Bien et le Mal se personnifiant, deviennent d’un intérêt non-seulement plus vivace que les autres, mais perpétuel en quelque sorte, à l’abri, comme le Bien et le Mal eux-mêmes des fatigues du temps, des ennuis de la redite, des changemens de goûts et de conceptions poétiques : il faut disons-nous, compter parmi ses avantages, l’absence d’une intrigue proprement dite, d’un nœud formé par l’entrelacement de ressorts multipliés, infimes et usés. Les événemens y découlent immédiatement de leur source première, le cœur humain. Toujours engendrés par des impulsions spontanées, ils se déroulent forcément et fatalement, jamais fléchissants sous la pression de la ruse ou de la duplicité. Par ce manque de combinaisons secondaires, d’instrumens de perdition sur lesquels se détournent les culpabilités premières et les condamnations faciles, nous sommes