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est vrai de dire que la vérité cherche l’homme autant qu’elle en est cherchée, et que si elle se dérobe à ses poursuites d’une part, de l’autre il passe souvent à ses côtés sans l’appercevoir. Rien des horreurs d’une damnation éternelle, de la fantasmagorie d’un enfer où pleuvent le feu et le soufre, et dont l’impression ne pourrait être sérieuse que sur des imaginations aussi naïves que celles qui se complaisaient à leur description matérielle, ne se voit dans cette pièce, trop fortement empreinte pour cela du souffle de notre siècle. Et néanmoins ! Quelles douleurs resterait-il à ajouter aux tourmens du grand pécheur ? Aucune absurdité de décors, aucune faute de machiniste, aucune lésinerie d’artificiers, ne sauraient neutraliser l’effet des souffrances indiscibles, étalées durant sa longue agonie. On dirait ces souffrances arrachées de notre propre cœur, pour palpiter à nos yeux, nues et saignantes !

Dans l’action de son drame, comme dans le drame de son ouverture, Wagner n’a point représenté le principe religieux comme une raiche antithèse, au besoin de bonheur, au souvenir et à l’espérance de félicité, qui dégénère parfois dans le cœur humain en de si étranges métamorphoses, et se masque sous des dehors si bizarres, si imprévus ! Il ne l’a point dépeint comme une autorité qui se délecte dans un commandement arbitraire, qui veut régner sur des