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l’âme, mais même revendiquer une certaine supériorité à en manifester les diverses phases, dans des œuvres assez frappantes pour prendre place au nombre des plus belles conceptions du génie humain. Parmi celles, d’étendue et de formes différentes, où elle tente et s’efforce d’exprimer les joies et les tourmens de cette aspiration, l’opéra de Tannhäuser restera comme une des plus remarquables, tant par l’élévation de son sentiment intime, que par la supériorité de son inspiration musicale, les procédés nouveaux qu’elle renferme, une rare entente des moyens pratiques de l’art, une admirable distribution des effets, une grande abondance d’idées et de style.

En s’abstenant de toucher à aucun ressort de terreur surnaturelle, de faire intervenir le châtiment, là, où il aurait abaissé l’erreur à l’égal du vice et assimilé l’aveuglement à la corruption, en s’écartant ainsi des moralités rebattues, Wagner a encore doublé d’une main ferme et hardie, ce que nous nommerions la portée philosophiquement poétique de son sujet. L’homme qui dans l’incertaine nuit de son existence ne s’est point tourné par une subite divination, vers le véritable Orient de la vérité, n’est point, victime infortunée ! écrasé par elle, sans miséricorde, et peut-être sans justice ! Une soudaine manifestation rapproche ce qui se cherchait mutuellement, puisqu’il