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pure et haute éprouva pour les doctrines si pleines d’humanité, et la personnalité si affective de Herder, une sympathie plus vive encore que pour les intelligences plus hardies et plus substantielles des autres hommes remarquables dont elle s’entourait, laissant dans cette amitié mutuellement illustre, le plus touchant témoignage des plus beaux élans de son cœur. À côté de ce souvenir était déposée la dernière plume que la main défaillante de Herder eût touchée, et la Bible qui lui avait appartenu, portant sur son maroquin usé, le chiffre en or de : J. G. Herder. Nous nous sommes approchés avec piété de ce volume, et nous avons cherché avec tout le respect qu’imposent les vestiges des grands travaux de grands esprits, si un de ses nombreux sinets n’était point encore resté à quelqu’une des pages, pour lesquelles il écrivit les gloses savantes et apologétiques qui furent si admirées. Nous avons essayé aussi de nous reporter aux heures où le philosophe, de ses mains glacées par les hivers, tournait ces feuillets, flamboyans de tant d’images brûlantes qu’y a déposées la poésie hébraïque, et de nous pénétrer des impressions que faisaient naître dans cette imagination si douce, les versets où s’épanchent de si ardentes passions, de si violentes douleurs, de si impérieuses aspirations. Ce fut au Psaume XVIII que le volume s’ouvrit devant nous. En lisant cette sombre et somptueuse descrip-