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aussi exquise, une aussi céleste perfection. Certainement une grande partie de l’effet que l’auteur voulait produire dépend de la suavité de timbre de la voix du ténor, s’élevant seule dans le profond silence qui suit l’explosion d’enthousiasme du dernier chœur, dont la salle résonne encore. Néanmoins, si même ce timbre n’était pas aussi velouté, aussi doux, aussi argentin, qu’il serait à désirer, la beauté de la mélodie produirait encore une impression profonde.

Lohengrin annonce en s’avançant, qu’une jeune fille étant cruellement accusée, il arrive, chargé de la défendre ; pendant ces mots, le motif de l’introduction apparaît derechef, comme pour rappeler Celui, qui l’a envoyé. Il demande à Elsa si elle l’accepte pour champion ? Elle se précipite émue et haletante à ses genoux, avec une adoration passionnée, et répète ses propres paroles adressées peu d’instans auparavant à son vengeur inconnu : « Oh, sauve-moi ! et tout ce que je suis est à toi ! » La laissant prosternée, il lui dit : « M’acceptez-vous pour époux, si je suis victorieux ? » Ici la mélodie affectée au souvenir du St Graal, revient comme un léger écho pour la dernière fois, jusqu’à ce qu’elle soit reprise dans toute sa largeur à la fin du drame. Lohengrin continuant avec une solennité croissante, déclare à Elsa, « que si elle veut qu’il protége son royaume, et que leur bonheur ne soit point